Carnet de compte Castor

La Peupleraie, résidence de 800 logements, a été réalisée grâce aux Castors. Ces pionniers-bâtisseurs s'organisaient au sein de Sociétés Civiles Immobilières qu’ils créaient, assurant une partie des travaux de construction et payant ainsi en heures de travail, une partie de leur logement.

Matière : Carton - papier
Numéro d’inventaire : 2016.2.1
Période d’utilisation : 1957 - 1965

Histoire

Labellisée « Patrimoine du XXe siècle » en 2009, la résidence de la Peupleraie à Fresnes fut construite par ses premiers habitants surnommés les Castors. L’Association Locale des Castors (ALCF) voit le jour en 1955 pour la construction de près de 800 logements en immeuble, plus une trentaine de pavillons individuels. Cette réalisation allait augmenter considérablement la population de Fresnes et entamer son urbanisation. Les premiers habitants de la Peupleraie ont su ainsi créer un esprit communautaire, porté par le désir d’acquérir un logement décent, fabriqué de leurs propres mains. 

Les Castors s’engageaient souvent sur plusieurs années à fournir des centaines d’heures de travail, le soir et le week-end, pour participer à la construction de leur logement, heures de travail qu’ils notaient dans ce type de carnet.
Ce carnet a appartenu à André C., auto-constructeur à la Peupleraie de Fresnes. Il est organisé en différentes parties : le calcul des heures effectués, l’inventaire complet des tâches effectuées jour par jour…

Témoignage

Mauricette C. – femme de Castor

« Mon mari venait d’acheter une voiture, on habitait en bas de L’Haÿ-les-Roses. Il est allé revendre la voiture, sans rien me dire ! Puis il est allé voir une agence immobilière de Bourg-la-Reine ; ça s’est fait comme ça ! On a été voir l’association qui recherchait aussi des adhérents, parce qu’il y avait d’autres immeubles qui étaient en prévision, le A, le B, le C… 

Et puis, on s’est inscrit. Alors, on a pris la place d’un gars qui s’était inscrit, mais qui n’avait jamais fait d’heures et qui a abandonné en cours de route. Il avait versé sa cotisation. Et puis un jour, on a eu une convocation notariale, on est allés souscrire... les parts du gars. Il fallait 30 000 anciens francs, c’était vraiment jouable pour nous.  

Et seulement, il y a eu un problème, c’est que le gars avait un retard dans ses heures de Castor. Il avait 300 heures de retard, sur les 600 qu’il fallait faire. Alors, on avait la possibilité de les racheter. C’était... 300 francs de l’heure à l’époque. Mais on n’avait pas un rond, on pouvait pas. Alors, il y a eu une entente de faite avec les organisateurs de chantiers. Si au lieu de faire huit heures par semaine, j’en faisais seize, je récupérais mon solde. Alors, on a opté pour ce truc-là. C’était avantageux financièrement, mais pendant deux ans, j’ai passé les dimanches et tous les samedis, aux Castors, à faire des plaques, voilà ! Mon mari a commencé à travailler en janvier 57 : terrassement de route au début, puis plâtre. J’ai là toutes les heures où il a travaillé. Il n’a pas pu finir : il a fait 489h30, alors qu’il devait en faire 550. On a dû payer un petit peu en complément. »