La ferme de Cottinville

La ferme de Cottinville est une ancienne ferme seigneuriale située à Fresnes. Elle accueille aujourd’hui plusieurs structures culturelles dont l’écomusée du Grand-Orly Seine Bièvre.

C’est au XIIème siècle qu’apparaissent les premières mentions de la seigneurerie de Fresnes, de la ferme et du domaine de Cottinville dans un recueil de titres de propriétés religieux, le cartulaire de Longpont. Le domaine se composait alors d’une ferme importante constituée d’un manoir d’habitation et d’une exploitation agricole. Jusqu’à la Révolution, les documents mentionnent le site sous le terme de « maison seigneuriale ».

Le nom de la ferme évolue à travers les siècles : ferme de Cottinville (XIIIème siècle), ferme abbatiale, alors propriété de l’abbaye Saint Germain des Prez (XVIIème siècle), ferme de Fresnes (1790), puis de 1803 à 1978, elle prend le nom de ses exploitants successifs : ferme Lebourlier, Hatiez, Toczé… Dès 1979, elle reprend son nom d’origine, ferme de Cottinville, de cottin – coteau, et ville – maison de maître.

Le nom de Cottinville, qui au XIIème siècle désignait l’ensemble du domaine seigneurial, ne caractérise plus en 1700 que le jardin mitoyen à la ferme.

Au Moyen-Âge, la ferme fait partie de la réserve du seigneur à qui revient la majorité de la production. Aux XVIème et XVIIème siècles, les seigneurs de Fresnes louent leurs terres à des exploitants qui, en plus d’une rente en argent ou en nature, leur reversent une dîme à hauteur de 10% de leur production. Cette dîme, principalement versée en nature, est entreposée dans un grand bâtiment, la grange dîmière, et bien qu’il soit difficile d’assurer avec certitude de la fonction d’alors de l’actuel théâtre de Fresnes, il est très probable que ce bâtiment ait servi à cet effet.

Les premières descriptions architecturales de la ferme, datant de 1790, sont issues de l’inventaire des biens de l’Église au lendemain de la Révolution. La ferme est disposée selon le plan carré typique des fermes du Hurepoix, ancienne région située au sud de l’actuelle Ile-de-France. La cour, à l’époque plus petite, a été agrandie par la construction ultérieure de nouveaux bâtiments.

L’ancien colombier, symbole du pouvoir féodal, pourvu de 2 000 boulins – cavités où nichent les oiseaux – a été détruit dans les années qui suivirent la Révolution. Le gibet à l’entrée de la ferme, où les condamnés étaient exécutés sur décision des seigneurs, habilités à rendre la justice, a lui aussi disparu.

La ferme de l’époque a été au moins partiellement rasée entre 1787 et 1790, avant d’être reconstruite dans sa configuration actuelle, bien qu’une partie des bâtiments (bergerie, écuries et logement) pourraient être antérieurs au XVIIIème siècle. La grange dîmière est reconstruite perpendiculairement à son emplacement d’origine.

Après la Révolution, la disposition des bâtiments change peu, contrairement à leur affectation qui évolue parallèlement aux techniques agricoles et aux stratégies de production. La ferme, qui accueillait encore des animaux (ovins, chevaux) au début du XXème siècle, s’oriente vers une agriculture mécanisée, délaissant progressivement l’élevage.

De 1789 à 1920, une même famille se succède pour gérer la ferme : la famille Lebourlier, une des plus anciennes familles de cultivateurs fresnois. C’est en 1911 qu’il y a le plus grand nombre d’employés à la ferme (3 charretiers, une cuisinière, un jardinier, et 12 ouvriers agricoles). Au moment de son abandon en 1979, n'ayant plus les terroirs nécessaires pour la culture, le lieu devient le siège d’un grossiste en pomme de terre qui n’exploite que quelques hectares.

La même année, la ville de Fresnes décide d’acquérir la ferme pour la transformer en espace culturel. Dès juin 1977, la commission culturelle municipale propose un projet d’aménagement de la ferme conçu comme un centre culturel et social pour les Fresnois. Il prévoyait : un centre de prêt de photos et de disques, des salles de rencontres et de réunion, une salle des fêtes et spectacles et un écomusée. Les bâtiments dévolus à ce dernier sont ceux actuellement occupés.

La grange dîmière est aménagée en salle polyvalente dès 1982. L’écomusée, d’abord de Fresnes puis du Val-de-Bièvre à compter de 2006, s’y installe deux ans plus tard (1984). Enfin, l’Ecole Nationale de Musique, aujourd’hui Conservatoire à Rayonnement Départemental Jean-Jacques Werner les rejoint en 1987. La Grange-Dîmière est modernisée en 2013 avec l’ajout d’une extension de verre pour améliorer l’accueil du public du théâtre.

D’abord logis seigneurial avant d’être acquise par l’Église, puis revendue à de riches exploitants après la Révolution, pour enfin prendre la forme actuelle d’équipement culturel public, la ferme de Cottinville, la plus grande de la commune, témoigne de siècles d’histoire et de la transition de Fresnes, du rural à l’urbain.