Distribox & Stéribox

Dans la tradition des banlieues rouges, beaucoup de villes des environs de Paris s’engagent dans des actions sociales parfois très innovantes.

Matière : N.R.
Numéro d’inventaire : 2002.8.1 à 2002.8.3
Période d’utilisation : 1999

Histoire

Début des années 1980, la consommation d’héroïne par voie intraveineuse quitte le centre des villes pour s’étendre aux périphéries, au moment même où le chômage de masse se développe. Le SIDA fait son apparition et avec lui les risques de transmission liés notamment au partage des seringues. 

La vente libre des seringues est autorisée en 1987. Un médecin d’Ivry-sur-Seine invente le Stéribox, un kit contenant deux seringues stérilisées, deux ampoules d’eau pour la préparation injectable, deux tampons imbibés d'alcool, un préservatif et une notice d’utilisation. 
Imaginée en 1991 par le Dr Elliot Imbert et l'équipe de la future association Apothicom, elle est d'abord testée sur la commune d'Ivry-sur-Seine puis diffusée à l'échelle nationale à partir de 1992. En 1994, une circulaire autorise la distribution du Stéribox en pharmacie, ce qui en élargira la diffusion. 

En 1999, une seconde version, dénommée "Stéribox2", sera développée afin de répondre à de nouvelles exigences sanitaires. L'association Apothicom mène une étude qui fait apparaitre que le risque infectieux est présent lors du partage du matériel annexe à l'injection, les cuillères, et intègrera dans sa deuxième version un dispositif appelé Stéricup. Chaque Stéricup contient un récipient en aluminium (pour remplacer la cuillère), un filtre en coton (pour remplacer le filtre "artisanal") et un tampon sec (pour tamponner le point d'injection après l'administration). 

Rapidement, la société Aval conçoit le Distribox, un distributeur de Stéribox. Le premier sera implanté à Issy-les-Moulineaux en 1994. L’objectif est de toucher des populations toxicomanes restant dans l’anonymat et de sensibiliser l’ensemble de cette population aux pratiques d’hygiène susceptibles de réduire les risques de transmission de maladies.

Témoignage

Brigitte P. - membre associatif à Fresnes

« Pour implanter le Distribox à Fresnes, l’association ACISP (Association pour la Coordination de l'Insertion Sociale et de la Prévention, ndlr), mandatée par la mairie, a dû faire un énorme travail de terrain. Nous avons dû réunir l’ensemble des professionnels de santé, pour les convaincre que donner des seringues n’avait pas pour conséquence de développer la pratique mais de réduire les risques de transmission des maladies. Nous avons dû convaincre les pharmaciens d’accepter cet automate qui faisait leur travail, et la population qu’elle ne verrait pas des hordes de toxicomanes déferler. Lors de l’implantation nous avons choisi minutieusement le lieu, savoir mettre la poubelle recevant les emballages ni trop près et ni trop loin, faire admettre aux forces de l’ordre qu’il ne fallait pas stationner près de l’automate. Bref, des mois d’un travail de fourmi qui a débouché en 1999. »