Tricycle Poirier

Cet ancêtre du fauteuil roulant, dit Charrette à bras, fut beaucoup utilisé par les mutilés de guerre.

Matière : Caoutchouc – cuir – métal – textile - bois
Numéro d’inventaire : 1987.2.2
Période d’utilisation : Années 1930

Histoire

La France est le pays qui a perdu le plus grand nombre d’hommes pendant la Première Guerre mondiale. Un homme sur cinq envoyé au front meurt au combat. Aux quelques 1,4 million de tués s’ajoutent 3 millions de blessés. Un tiers d’entre eux (600 000 invalides, 300 000 mutilés et amputés, 42 000 aveugles, 15 000 gueules cassées) toucheront une pension d’invalidité. 

Après la guerre, le visage de la France a changé et la dette de la société envers ses blessés de guerre pousse à la création de financements, d’aides et de lois en soutien aux mutilés : création de la Fédération nationale d’assistance aux mutilés des armées, emplois réservés aux militaires blessés dans l’administration publique, etc. Ces évolutions législatives marquent le début de l’intégration du handicap dans la société française. 

Ce fauteuil roulant, dit modèle Charrette à bras, fut beaucoup utilisé par les mutilés de guerre. Il est probablement réalisé par l’entreprise Poirier, créée en 1928 et toujours en activité, spécialisée dans les fauteuils destinés aux personnes à mobilité réduite. Ce modèle se répand durant les années 1930. Son manche, balancé manuellement d’avant en arrière, actionne un mécanisme qui fait avancer le véhicule.

Témoignage

Michèle B. – petite fille d’un Fresnois blessé de la Première Guerre mondiale

« Mon grand-père a été mobilisé tout de suite le 1er août 1914 au 31ème bataillon de chasseurs à pied, 19ème compagnie à Langres, grade 2ème classe. Ensuite, il a été transféré dans l’Artois. C’est là qu’il a été grièvement blessé, tout de suite, le 6 octobre 1914. À Carency. Bah, c’est toute une histoire. On lui avait dit de monter dans un arbre pour voir où en étaient les Allemands et puis les Allemands, ils l’ont vu et il a reçu une rafale dans les jambes, le bas ventre, enfin bon… Il a été blessé à 80% quand même. Il avait la rotule fracassée pratiquement. Lui, il n’en parlait pas. C’est mon père qui m’en a parlé. Ça a pesé sur la famille, il était quand même resté infirme, mon père avait 12 ans. »