Plaque commémorative

Médecin, résistant, communiste, Maurice Ténine est une figure notoire de l’histoire et symbole de la résistance.

Matière : Carton - papier
Numéro d’inventaire : 1979.13.1
Période d’utilisation : 1945

Histoire

Médecin fresnois, résistant, communiste, de parents juifs émigrés de Russie, Maurice Ténine est devenu un des « martyrs de Châteaubriant ». Il fait partie, aux côtés de Guy Môquet, d’un groupe de 27 résistants fusillés le 22 octobre 1941 par les Nazis, en représailles du meurtre du lieutenant-colonel Karl Hotz à Nantes. 

Figure notoire de l’histoire et symbole de la Résistance médicale, plusieurs rues portent aujourd’hui son nom, comme à Antony, Fresnes, Gentilly, et bien d’autres. Il reste dans la mémoire collective un médecin proche de ses patients, engagé dans ses convictions de militant. 

Sa fille Nadia Ténine-Michel (1933-2003), historienne spécialiste de la banlieue contemporaine, vient lui rendre hommage lors de l‘inauguration en 1994 de l’exposition Fresnes dans la tourmente 1939-1944

Témoignage

Maurice T. – médecin et résistant, fusillé par les Nazis le 22 octobre 1941

« Dernière lettre - Camp de Choisel, Châteaubriant (Loire-Inférieure)
22 octobre 1941

Chérie ; ma fille adorée ; mes chers parents, ma sœur ;

Je vous avais toujours recommandé le courage. Il vous en .faut désormais beaucoup plus qu’il nous en a jamais fallu. Au moment où vous recevrez cette lettre, je ne serai plus, exécuté par les Allemands pour un crime que je n’ai pas commis. J’irai à la mort bravement, sans rien regretter de ma vie ni de mes actes.. Ce n’est pas à moi que je pense en ces derniers instants, c’est à vous tous, les êtres qui me sont chers.

Chérie,

Encore un mot ; puisqu’on nous fait attendre.

Vis ; il faut que tu vives. Je t’ai toujours vue courageuse.

Il faut que tu le sois. Serre les dents comme tu les as serrées après la mort du petit. Et que la vie continue, ardente, pour l’avenir de ma fillette et de tous les enfants du monde.

Au revoir à jamais.

Ton Maurice

Acceptez ma mort avec courage, sans résignation. Je meurs victime de mon idéal, et cela rend ces derniers instants calmes, extraordinairement calmes.

Je sais aussi que l’histoire s’écrit en.ce moment, et le sang de nous autres ajoutera quelques mots, quelques lignes à cette histoire.

Prenez ma mort comme elle doit être prise. A toi, Antoinette chérie, compagne des bons jours, il te-reste notre fille puisqu’il ne nous pas été donné de garder notre fils.

Ne porte pas mon deuil éternellement. La vie est encore longue devant toi. Remarie-toi si tu trouves un jour un compagnon digne de toi et que mon souvenir reste doux dans ta vie, toi que j’ai aimée.

Mes chers parents, je m’en vais pour notre idéal. Il vous reste ma soeur Claude et Nadia [Nadia Ténine, épouse Michel devenue historienne] à aimer jusqu’à la fin de vos jours, que je souhaite longs, le plus long possible pour voir un avenir, meilleur.

Petite soeur, de moi, il te restera le souvenir d’un frère droit dans la vie comme dans la mort.

Et toi, ma fille adorée, il te reste un nom sans tache que tu pourras porter plus tard avec orgueil.

Annette, chérie, encore une fois, sois brave. Je le serai, moi, jusqu’à la dernière minute.

Avant de clore cette lettre, j’accorde une ultime.pensée à tous mes amis dont j’ai pu voir l’affection autour du cercueil de notre enfant.

Tout à l’heure, au moment de la salve, ma dernière pensée sera pour toi.

Mon dernier baiser, tu le recevras plus long, plus ardent que tous ceux du passé.

Je vous embrasse tous, ma femme, ma fille, mes parents, ma sœur, mes amis.

Votre Maurice. »

 

(source : https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article73993)