Etoile jaune

Le port de l’étoile jaune, pièce de tissu en forme d’étoile de David, a été imposé dès le début de la Seconde Guerre mondiale par le régime nazi à tous les Juifs de plus de 6 ans dans les pays occupés.

Matière : Tissu
Numéro d’inventaire : 2000.11.1
Période d’utilisation : 1942

Histoire

L'étoile devait être cousue solidement, visible de tous et obligatoirement portée en public. En France, elle est imposée par le Régime de Vichy dès 1942 et fait suite à des mesures de discrimination et de persécutions de plus en plus sévères : interdiction d’exercer certains métiers (professions libérales, fonction publique), de fréquenter certains lieux publics (parcs, piscines, premières voitures des rames de métro), obligation d’apposer à l’encre rouge la mention « Juif » sur les pièces d’identité. 

Le donateur, né en 1927, a dû la porter de 1942 jusqu’à la fin de la guerre. Après de nombreuses arrestations et déportations des membres de sa famille, dont son oncle mort à Auschwitz, il choisit de la dissimuler pour circuler librement. Il fait don de cette étoile jaune à l’écomusée en 2000, après l’avoir conservée pendant 55 ans. Durant sa retraite, il a silloné les écoles pour témoigner et transmettre son message de tolérance et de fraternité aux jeunes générations.

Témoignage

Serge D. – conseiller municipal communiste à Villejuif de 1953 à 1961

« Chez moi, il a fallu aller chercher l'étoile. Il y avait même une dame qui nous a rappelé qu'il fallait donner des tickets de rationnement pour le tissu. On a porté l'étoile. J'habitais Villejuif. Et on avait par obligation, par exemple, le dernier wagon de métro. Pas le droit d'aller dans certains endroits. Par exemple, avant la guerre je faisais du sport, mais j'avais pas le droit, c'était interdit. Quand j'ai traversé le parc, le gardien est venu vers moi, et il m'a dit : « Regarde : interdit aux chiens et aux Juifs. » Vous voyez ? 

J’ai fait ce don à l’écomusée car je voudrais qu’on n’oublie pas, je voudrais transmettre un message d'humanité et de fraternité entre les gens, qui restera. Je voudrais qu'on se souvienne de ce qui s'est passé, que les gens réfléchissent et se disent : il faut arrêter cette haine. Parce que nous sommes tous de l'espèce humaine. Si j’avais donné cette étoile à ma famille, qu'est-ce que ça deviendrait plus tard ? Rien du tout. Tandis qu'au musée, ça restera. Vous, au musée, vous avez le même ressenti ; ça m'a fait énormément plaisir quand la direction m’a écrit. J'aime transmettre, c'est mon bonheur de communiquer, de participer, ça balaie mes angoisses. Il y a un mot d'Aragon que j'aime bien, c'est : "avoir été utile, ce rêve modeste et fou". »