Téléphone Socotel S63

Ce téléphone des années 1970-80 était celui du local social de la cité des Groux, situé au premier étage de l’escalier K.

Période d’utilisation : N.R.
Matériaux & techniques : Plastique – métal - composants électroniques
Désignateur.trice : Maimouna K. dite Mahye

« Misère », la fée des Groux

Pour Mahye il est associé à l’image de Monique Postal que tout le monde surnommait « Misère ». Cette ancienne infirmière a accompagné pendant 40 ans, de 1972 à 2012, les enfants des Groux, d'abord dans le cadre de son travail comme éducatrice au Conseil général, puis à la retraite où elle a maintenu une présence bienveillante dans la cité. Son attachement pour les Groux et les enfants l’a amenée à créer une association de soutien scolaire appelée L’Envol. Elle était un soutien précieux pour beaucoup de familles dont les parents ne maitrisaient pas parfaitement le français.  Alors qu’elle habitait dans l’Ouest parisien, à Ville-d’Avray, elle a fidèlement continué à accompagner les enfants par l’aide aux devoirs et permis à certains qui ne partaient pas en vacances de s’évader lors de petits séjours pendant les vacances scolaires, et ce jusqu’à son décès en 2012. 
Mahye a aussi utilisé ce téléphone avec ses amis en cachette, quand Misère quittait le local, pour appeler des amis, à une époque où le téléphone portable n’existait pas. Mais c’est surtout pour elle le symbole des Groux, lieu où elle est née, a grandi et où elle s’est construite avec ses parents arrivés en France dans les années 70 du Mali. Cet objet permet de parler de la cité qui est pour Mahye à l’opposé de l’image négative qu’on lui prête, un lieu de vie, aux habitants solidaires, ouverts sur le monde, grâce entre autres à des personnes telles que Monique Postal.  

Témoignage

« Mes parents ont eu de la chance de venir habiter aux Groux, parce que pour moi ce quartier a fait ce que je suis aujourd’hui. Et le fait d’être aux Groux, vu qu’il y avait les assistantes sociales et Misère, je pense que ça a beaucoup aidé par rapport à notre éducation, ça a permis une ouverture d’esprit. Misère a beaucoup parlé à mes parents, leur dire que le sport c’est important, de faire des sorties culturelles, etc. Misère elle nous conseillait, elle voyait nos lacunes, les domaines dans lesquels on excellait, elle donnait son avis, allait aux réunions avec les professeurs, les directrices, tout le monde la connaissait. 
Et puis il y avait l’aide aux devoirs, dans la cité, on était nombreux, quasiment tous les jours. Et quand les enfants venaient pas parce qu’il faisait beau, elle prenait son téléphone, elle s’en servait beaucoup, et elle appelait les familles. Elle avait son calepin, avec le nom de tous les enfants et leurs numéros. Je suis sûre que à beaucoup si je leur dis « si je te dis Misère tu penses à quoi ? » ils vont dire son téléphone. Il faut dire qu’on s’est en beaucoup servi aussi, pour appeler les copains. Dès que Misère partait c’était tous derrière le téléphone ! »