Douilles d'obus sculptées

Ces douilles témoignent d’une histoire familiale douloureuse, mais aussi du vécu commun de toute une génération.

Période d’utilisation : 1914 - 1918
Matériaux & techniques : Cuivre - métal
Désignateur.trice : Michèle B. - petite-fille de Louis Haudebourg, héros de la Première Guerre mondiale

Des Fresnois au front  

Louis, né à Fresnes en 1885, est charretier. Il épouse Alphonsine, blanchisseuse, le 13 juin 1908. Ils auront deux enfants Paulette et Paul, le père de Michèle. Mobilisé le 2 août 1914, à 29 ans, il part se battre en Artois. Le 6 octobre 1914, à Carency près de Lens, il est grièvement blessé par une rafale et déclaré invalide à 80%. Le 30 mai 1917, à l’hôtel de ville de Fresnes, il est décoré de la Croix de Guerre avec palme ainsi que de la médaille militaire, en présence des siens. Il s’aidera de béquilles toute sa vie. Son invalidité l’oblige à changer de métier et il devient tapissier. Veuf en 1925, il se remarie en 1931 avec Cécile Cavereau, elle-même veuve de guerre. Michèle, sa petite-fille, épouse Daniel Bossard, dont le grand-père Auguste fut aussi mobilisé comme maître pointeur dans l’artillerie. Elle est donc doublement marquée par cette histoire familiale liée à la guerre. C’est pour cette raison qu’elle a conservé chez elle les douilles d’obus qui étaient chez son grand-père, sans en connaître précisément l’histoire. Elle a également gardé le briquet et le cendrier, sculpté par Guillaume Richard, le premier mari de Cécile Cavereau, mort au combat. Ces douilles témoignent d’une histoire familiale douloureuse, mais aussi du vécu commun de toute une génération.

Témoignage

« Mon grand-père a été mobilisé tout de suite le 1er août 1914 au 31e bataillon de chasseurs à pied, 19e compagnie à Langres, grade 2e classe. Ensuite, il a été transféré dans l’Artois. C’est là qu’il a été grièvement blessé, tout de suite, le 6 octobre 1914. À Carency. Bah, c’est toute une histoire. On lui avait dit de monter dans un arbre pour voir où en étaient les Allemands et puis les Allemands, ils l’ont vu et il a reçu une rafale dans les jambes, le bas ventre, enfin bon… Il a été blessé à 80% quand même. Il avait la rotule fracassée pratiquement. Lui, il n’en parlait pas. C’est mon père qui m’en a parlé. Je me souviens d’une seule chose qu’il ait dite, c’était pas lié à sa blessure. Il disait que le plus dur, c’était l’attaque à la baïonnette. Mais ça a pesé sur la famille – il était quand même resté infirme – surtout sur ma grand-mère, qui est morte jeune, mon père avait 12 ans. »